L’Art De L’Effacement
Dédiée à Val
De l’Effacement à la Disparition
Comme il n’y a pas de mal à se faire du bien autant parler d’un livre sorti il y a plus d’un an autour d’un personnage resté assez mystérieux, Mark Hollis, mais qui osait se dévoiler avec ses compositions, accompagné de trublions qui on formé un groupe au nom improbable : Talk Talk.
Ca fera rire les plus jeunes mais les plus anciens comprendront la portée énorme que le groupe a fourni par la suite, jusqu’à, pour certains, aborder le thème du post rock.
Talk Talk – New Grass (1991)
Il devient plus clair à la fin de l’existence du groupe mais ce n’était pas gagné d’avance.
A l’origine, le groupe se fait même massacrer par la presse anglaise qui ne voit qu’un groupe supplémentaire avec une influence Duran Duran. Il faut quand même avoir les oreilles bourrées de boules quies pour ne rien comprendre à l’infini différence de ces deux groupes.
Talk Talk – Such A Shame (Vidéo officielle)
Bref, Talk Talk parle de l’intérieur, de ce qui évoque la profondeur de l’âme, du coeur, de l’amour. Et surtout, au-delà du groupe, révélé mondialement par le succès de « Such a Shame », il y a une musique oscillant entre l’emballement et le désespoir.
A leurs débuts, le côté pop-synthé-rock heurtait mais plaisait au plus grand nombre malgré tout, même si la critique n’était pas de leur côté, en dehors de l’Angleterre , où ils vont justement faire une belle carrière.
Mais revenons au livre où Frédérick Rapilly (auteur, par ailleurs, d’un remarquable livre sur les Cure, In Between Years) s’attache à la personnalité de Mark Hollis qu’il décrit comme une personne cherchant plutôt à ce qu’on s’attache à sa musique plutôt qu’à lui. Jusqu’à disparaître progressivement de la scène et des compositions, même si des inédits demeurent cachés soigneusement et assurément depuis son décès en 2019, à 64 ans.
Talk Talk – It’s My Life (Live In Montreux, 1986)
Tout cela est raconté minutieusement, sans concession, et il s’agit du seul livre existant en France sur Mark Hollis et son groupe Talk Talk. Contrairement à beaucoup, il n’était pas à prendre à légère. Progressivement, sa musique s’est amenuisée, limitée au point de devenir minimaliste, jusqu’à s’effacer, surtout vocalement, remarquable façon de montrer son humilité. A lire obligatoirement et à (ré)écouter de The Party’s Over en 1982, new wave pop sombre, à Laughing Stock en 1991, frôlant le jazz et l’improvisation. Ajoutons discrètement, comme lui, un seul album solo.
Talk Talk – Life’s What You Make It (Live In Montreux, 1986)
Frédérick Rapilly – Mark Hollis ou l’Art de l’Effacement
Le Boulon / Editions du Layeur – 156 pages – 18 €
Patrick Bénard